Elan : "L'architecte des bâtiments de France défend l'intérêt national"

par BATIACTU il y a 5 ans
ENTRETIEN. Le projet de loi Elan prévoit d'affaiblir le rôle des Architectes des bâtiments de France (ABF) dans le cas, par exemple, de l'installation d'antennes relais. Saadia Tamelikecht, chef de l'unité départementale d'architecture et du patrimoine de Seine-Saint-Denis, réagit à cette disposition pour Batiactu .
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15 réponses à ce sujet
Publié : il y a 5 ans
C'est fou le nombre de corporations qui prétendent défendre l'intérêt général
Publié : il y a 5 ans
Bien sûr qu'il y a une crise de légitimité chez les ABF, c'est assez clair quand on voit les confusions et les contradictions dans lesquelles ils sont empêtrés. Comment être crédible quand on affirme de façon péremptoire que le rôle des ABF est de "défendre l'intérêt national" quand on n'a qu'une vision très partielle, voire partiale, des projets, qu'on "croule sous les dossiers" et juge à distance sans se déplacer sur le terrain. Au final, les avis des ABF se résument le plus souvent à des effets de pouvoir (on prescrit, on interdit, on bloque) arbitrairement délivrés par une personne qui ne se fie au bout du compte qu'à son appréciation subjective (pour preuve les avis contradictoires qui peuvent être donnés par deux ABF successifs sur un même projet).
Résultat au final : amélioration de la qualité des projets, des paysages, mise en valeur du patrimoine ? peu probant. En revanche un formatage général des constructions, sans considération de leur impact environnemental, selon des critères stéréotypés et anachroniques (la pente du toit, la couleur du crépi, la taille des baies,…) et selon la règle paresseuse du "moindre mal" (on rabote tout élément qui pourrait apparaître comme audacieux ou inconvenant).
Tout cela correspond au fond à une idéologie qui réduit la préservation du patrimoine à un instrument de police architecturale, fondé sur le goût commun, excluant tout débat culturel et dépourvu de toute ambition créatrice.
Publié : il y a 5 ans
Le pouvoir des ABF est diminué depuis un moment ;j'ai pu le constater dans ma commune, lorsqu'ils ont modifié le PLU,il y avait 2 sites remarquables avec un périmètre de protection de 500 m,qui empêchait un bétonnage R+5+comble,Mr le préfet l'a modifié a 200 m et roule le projet ...
Publié : il y a 5 ans
"Cette disposition du projet de loi Elan donne l'impression d'un renversement dans la hiérarchisation des priorités : comme si le droit au logement passait devant le droit au patrimoine et à la culture. Cela pourrait être regrettable, à l'avenir. " Voilà qui me fait réagir car je considère qu'effectivement il est normal que le droit au logement prime sur le droit au patrimoine et à la culture. Avant de s'enfermer dans leur monde, nos ABF pourraient ouvrir leurs yeux ce qui leur permettrait de constater que non seulement tout le monde n'habite pas dans des châteaux mais qu'en plus il existe, y compris en France, de nombreuses personnes sans abris.
J'avoue être un peu en colère car, en qualité de maire d'une commune rurale, j'ai un projet de 10 logements bloqué par un avis conforme d'un ABF. Pourtant on ne cherche qu'à faire du logement social, très bien isolé, pour contribuer à notre niveau à la lutte contre la précarité énergétique (cf www.tramayes.com/gendarmerie). Mais il est vrai qu'avec mon ABF, nous n'avons pas les mêmes valeurs et que pour moi le droit au logement est prioritaire par rapport au droit du patrimoine et à la culture.

Michel MAYA, maire de Tramayes
Publié : il y a 5 ans
Les ABF sont utiles, certes. Mais certains ont tendance à voir du patrimoine à protéger partout et surtout à ne pas suffisament tenir compte du contexte en bloquant des projets pourtant cohérent parce que situés en co-visibilité, même légère, d'un simple menhir ou d'une petite fontaine, et alors même que le reste alentours n'est pas exceptionnel. Je ne parle pas des antennes qui sont très intrusives dans le paysage. A noter que si l'attitude des ABF et leur pouvoir avait existé à l'époque, le Paris d'Haussmann n'aurait jamais pu voir le jour. Bon, c'est sûr qu'il ne faut pas laisser faire n'importe quoi, n'importe où. Néanmoins, il faut quand mêmem être conscient que l'attitude de certains ABF frise l'intégrisme. Pas étonnant, dans ces conditions, qu'il soit tentant de remettre leur pouvoir en cause. Et puis, finalement, il faut bien reconnaître que les décisions en matière d'urbanisme ne sont pas ouvertes au dialogue, mais souvent très arbitraires. A quand la possibilité de venir présenter et défendre un projet devant une commission d'urbanisme ?
Publié : il y a 5 ans
Je ne comprends pas ce que ça veut dire, dans la bouche d'un(e) ABF, de "défendre l'intérêt national" en matière de patrimoine. Cela relève bien d'une conception militaire de la protection des sites et des paysages, incarnée par un quarteron de généraux autoproclamés qui ne sortent jamais de leur QG et prétendent mener des batailles, sabre au clair, contre tout projet nouveau qui ne peut être envisagé que comme une menace à l'ordre existant.
Combien de monuments aujourd'hui reconnus ont été légitimés par la sanction de l'histoire et non par le verdict des "experts" et des censeurs (souvent les mêmes!) à l'époque de leur création : cf. La Tour Eiffel, la villa Savoye, le Centre Pompidou, etc.
A l'heure où la justice remet en cause le fondement même de la décision judiciaire, en inscrivant dans ses principes la collégialité des juges d'instruction, comment l'ABF pourrait-il demeurer seul juge et décideur souverain en matière d'architecture ? Les ABF, dans leurs attributions et la manière dont ils exercent leur pouvoir sont un pur anachronisme.
Publié : il y a 5 ans
A quoi servent réellement les ABF qui pour beaucoup ne vont jamais sur place constater la réelle situation mais ne juge que depuis leur bureau et contribuent a compliquer les dossiers de PC et autres --Non ceux ci sont ne sont pas des gens constructifs
Publié : il y a 5 ans
Bonjour.
Pour un projet de construction ou de modification sur un bâtiment dans un secteur protégé,il est préférable de prendre RDV avec l'ABF et d'être accompagné par un architecte. Le dialogue s'établira mieux et pourra être plus constructif.
L'évaluation de l'impact d'un projet sur le patrimoine n'est pas hyper cadrée et l'interprétation dépend de l'expérience de l'ABF et de sa propre sensibilité. Il peut se rendre sur le terrain, s'il ne dispose pas de tous les éléments.
Il n'a effectivement pas le même objectif que le porteur du projet. Il en est de même pour d'autres réglementation qui se chevauchent. C'est alors celle la plus exigeante qui est appliquée.
L'avis conforme de l'ABF sur un projet peut être contesté par le demandeur auprès du préfet de région mais il est très difficile de démontrer une erreur.
Il reste aux citoyens à aller convaincre leurs députés locaux de faire évoluer les règles.
Publié : il y a 5 ans
En moyenne 6 mois pour obtenir un rendez vous .... Qui a du temps à perdre ? Quant à la défense de l'intérêt national ? Est ce la transition énergétique, le réchauffement climatique, ou le fait de ne pas installer un Velux dans le cadre d'une co-visibilité et alors qu'il y en a déjà des dizaines sur des bâtiments voisins ?
Publié : il y a 5 ans
L'avis de l'ABF de Seine-Saint-Denis est très pertinent.
Réduire le pouvoir des ABF (souvent contourné par le Préfet auprès duquel vont pleurnicher les mécontents (maires, promoteurs notamment)), c'est faire avancer "La France moche".
Je les soutiens d'autant plus qu'ils ont reçu, en plus de leur formation d'architecte, une formation remarquable sur le patrimoine architectural français. On ne devient pas ABF sans qualités éminentes.
Il est facile de leur faire porter le chapeau des retards qu'ils apporteraient aux projets : ils sont peu nombreux face à ceux qui soumettent des projets à leur avis. Il suffit de quelques mécontents par département pour faire croire qu'ils sont abominablement exigeants.
D'une façon générale la loi Elan tient trop compte du discours des associations de promoteurs.
Il en va ainsi ailleurs sur les recours abusifs. En fait les recours vraiment reconnus abusifs sont très très peu nombreux. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Mme Christine de Voguë, conseillère d'État.
J'ai été moi-même promoteur. C'est un métier effectivement très dur mais dont les difficultés ne viennent ni des PLU (il suffit de les appliquer, trop de promoteurs trichent et déforment ainsi la concurrence. Ce n'est pas en dénonçant les recours "abusifs" et en faisant peur à l'environnement que l'on améliore les choses, au contraire : on sape la réputation du métier et on élimine les promoteurs honnêtes), ni des ABF (il suffit de les écouter et de discuter avec eux, enfin de trouver une solution en les voyant très tôt dans le processus. Si on les voit quand le projet est ficelé, les difficultés sont souvent irréductibles).
Les vraies difficultés des promoteurs viennent de leurs risques : chaque projet est un prototype. L'achat du terrain support recèle beaucoup de pièges techniques, juridiques qu'il est quasi-impossible d'instruire complètement avant de proposer un prix.
Et puis la réalisation elle-même réserve toujours des surprises.
Dans les pseudo-difficultés évoquées pour défendre Elan, je n'en vois qu'une réelle, l'exigence de 100% de logement handicapés qui était réellement déraisonnable et renchérissait considérablement la production.
Il y en aurait eu une autre qui n'est pas évoquée et qui aurait pourtant été prioritaire : les exigences en matière d'économie d'énergie sont très déraisonnables et renchérissent aussi déraisonnablement les coûts de production. Les moyens qu'on exige par ce biais de tous les Français seraient plus judicieusement employés par des investissements collectifs énergétiques décarbonés.
Publié : il y a 5 ans
Je confirme mon avis d'il y a un mois. Cet article de la loi Elan est un article scélérat. Je suis content d'avoir été approuvé par Stéphane Bern.
Publié : il y a 5 ans
L'interview de cette architecte est très clair, et elle a absolument raison.
Je pense aussi que le problème principal est la réduction des effectifs dans tous les SDAP (Services Départementaux d'Architecture et du Patrimoine). Sur mon Département il y en avait 3, remplacés par 1 seul aujourd'hui, pour la même charge de travail.
Cela explique qu'il ne peut aller voir sur place tous les dossiers, et que certains abus sont perpétrés. Qui ne s'est pas déjà indigné qu'un PC ait pu être accordé en plein Secteur Sauvegardé à une construction hideuse, qui ne respecte aucune règle de base ?
Mais la solution n'est pas de réduire les pouvoirs des ABF, comme le fait la loi Élan, mais d'augmenter leur contingent.
La loi Élan prône dans un souci de pure économie la casse du patrimoine. C'est inadmissible !
Les quartiers "périphériques" non protégés de nos villes, ont subi toutes ces dernières années un enlaidissement et une bétonisation importante. Parce que les règles des PLU sont très peu contraignantes en matière urbanistique (hauteurs, gabarits,...), et souvent inexistantes en matière architecturale.
La loi Élan cherche à élargir ce phénomène aux centres anciens jusque là épargnés au nom de la protection du patrimoine.
C'est une régression terrible qui sacrifie notre patrimoine sur l'autel des profits et de la finance, sous prétexte de vouloir aller plus vite pour construire !
Il faut s'insurger contre ça. J'espère que des pétitions vont circuler...
Publié : il y a 5 ans
Des ABF à Paris qui ne se sont jamais déplacé pour juger mais qui ont rendu leur verdicts uniquement sur photos cela existait et existe encore y compris en banlieu Nous en subissons les résultats tous les jours Alors oui pourquoi conserver ceux-ci qui ne font qu'emmerder le monde sans trop justifier leurs décisions
Publié : il y a 5 ans
Il semblerait que la gestion ABF ne soit pas étrangère au drame immobilier rencontré à Marseille :
https://www.liberation.fr/checknews/2018/11/22/immeubles-effondres-a-marseille-des-travaux-refuses-en-2017-pour-raisons-esthetiques_1692451

Voilà qui peut donner à réfléchir sur l'intérêt de donner un avis conforme qui parfois est bloquant dans une réalisation.

Et cela relative énormément la demande qui consiste à maintenir le droit au patrimoine et à la culture avant le droit au logement.
Publié : il y a 5 ans
Le drame de Marseiile c'est le résultat des propriétaires notablement connus que ne veulent que récupérer des loyers sans avoir a investir dans des rénovations ou mise en conformité du patrimoine --Ces gens s'en foutent complétement pourvu que cela rapport le plus possible sans scrupules --Nous en connaissons tous dans les grandes villes voir les villes moyennes --Alors commencer par ouvrir la chasse a ceux ci est une urgence avant que d'autres drames plus importants arrivent
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