La paille doit-elle être utilisée en construction, en énergie ou les deux ?

par BATIACTU il y a 6 ans
AGRICULTURE. Le salon international de l'Agriculture bat son plein et le ministère annonce le lancement d'un plan d'action sur la bio-économie destiné à valoriser la biomasse et renforcer les filières notamment de paille. Mais cette ressource doit-elle être employée en tant que matériau ou pour produire de l'énergie ? Eléments de réponse avec une étude francilienne de l'IAU.
Lire l'article sur Batiactu
7 réponses à ce sujet
Publié : il y a 6 ans
Et les animaux n'auront plus rien à bouffer et per voie de conséquence les imbéciles à deux pattes.
Publié : il y a 6 ans
les animaux ne mangent pas la paille, on l'utilise plutôt comme litière, dans certaine région les agriculteurs n'arrive pas à la vendre il la broie et l'enfouissent autant que ce grand stockeur carbone soit utile.
Publié : il y a 6 ans
@François Laurent, @Julien Dauvier : Effectivement, sauf à ne disposer que de paille et ainsi éviter de mourir de faim, les animaux ne mangent pas la paille … par contre ils l'apprécient particulièrement en tant que litière dont nous avons un peu oublié que dans sa racine est la même que "lit" (appréciions-nous de coucher directement sur du béton ou des barres métalliques ?).
Bien que je trouve un grand intérêt à la paille/ioslant, je pense qu'il ne faudrait pas oublier le confort des animaux et, pour la biomasse et la méthanisation, le mélange de paille avec les déjections animales permet, à la fois de ménager les animaux en amont et de produire du méthane en aval et … cerise sur le gâteau, le digestat est encore un apport très intéressant pour les sols … sans les odeurs caractéristiques des lisiers !!!
Publié : il y a 6 ans
Bonjour.
Je suis à la fois l'un des auteurs de l'étude TERRACREA dédiée à la disponibilité de matériaux d'origine biosourcé pour le bâtiment et coordinateur des règles professionnelles de construction en paille.
On peut résumer la situation de la manière suivante:

1. La paille

a. Chaque année environ 40% de paille produite retourne au sol en fin de moisson, elle participe notamment à structuration des sols et au maintien de leur fertilité.
b. D'un point de vue agronomique, il est raisonnable d'exporter de la paille 1 fois tous les 3 ans sur une même parcelle.
c. La France est leader mondial de la construction en paille. On y a construit les plus grands bâtiments (groupes scolaires parisiens de près de 10 000m²) et le plus haut (logements sociaux R+7 à St Dié les Vosges) du monde.
d. Pour isoler tous les logements neufs (collectifs et individuels) de France chaque année moins de 5% de la palle serait nécessaire. Cette ressource serait donc mobilisable.

2. Usage énergétique de la biomasse

L'usage énergétique de la biomasse est susceptible de déstabiliser complétement tous les autres secteurs qui valorisent celle-ci. En effet:

a. Dans le cas où le prix de l'énergie augmenterait de manière significative, il deviendrait plus "rentable" de bruler n'importe qu'elle ressource plutôt que de l'utiliser pour son usage habituel. Il y a quelques années en France par exemple il était plus "intéressant" de brûler du grain de blé dans une chaudière qu'un combustible "normal".

b. Nos consommations d'énergie fossiles sont tellement importantes que la biomasse est incapable de les satisfaire (il faudrait par exemple bruler 3 fois la croissance annuelle de la forêt française et 5 fois la production annuelle de paille) pour remplacer nos importations de pétrole.

c. Remplacer un combustible fossile par un combustible renouvelable n'a qu'un intérêt environnemental limité. Il est largement préférable de le substituer par des économies d'énergie ou/et de l'énergie solaire / hydroélectrique / éolienne . Ceci peut se résumer en un slogan un peu simpliste mais pertinent à moyen terme "Sortons de l'age du feu et arrêtons de bruler quoi que ce soit".

d. On peut estimer que l'usage énergétique de la biomasse est intéressant lorsqu'il ne détruit pas de carbone (méthanisation) ou dans le cadre d'usages ponctuels (cogénération par exemple) liés à une ressource qu'il serait difficile de valoriser d'une autre manière (par exemple: une chaufferie bois d'une commune local alimentée par les déchets d'entretien des bords de route). En revanche, s'engager massivement dans l'exploitation énergétique de la biomasse est particulièrement imprudent pour les raisons citées plus haut.

e. D'un point de vue technique, social et économique, un investissement dans les économies d'énergie et la production d'énergie renouvelable directe (éolien, solaire, hydraulique, etc.) donne un effet de levier très important sur le développement local.

En conclusion, l'époque est à la production de richesse décentralisée.

Pour revitaliser l'ensemble des territoires, on peut à la fois:

- réduire les dépenses (et donc notamment économiser l'énergie)

- produire de la richesse et l'y faire "ruisseler" au plus près des citoyens.

Les exploitations agricoles peuvent mettre en place une nouvelle activité de production d'énergie (méthanisation, éolien, PV). Le piège à éviter est de consacrer des surfaces cultivées à la production d'énergie alors que cette production peut être assurée par l'existence même du foncier (toitures PV sur les bâtiments, champs cultivés, parsemés par quelques éoliennes, etc.). Ainsi plutôt que de raisonner en substitution d'un revenu par un autre, on raisonne par addition d'un nouveau. Ainsi la production énergétique participerait à la sécurisation et l'augmentation des revenus des agriculteurs.

D'une manière plus générale cette approche est aussi pertinente pour les autres acteurs (artisans, industriels, grandes surfaces, administrations, bailleurs sociaux, particuliers...)

Luc Floissac

Pour d'infos: TERRACREA: http://lra.toulouse.archi.fr/lra/activites/projets/terracrea
Publié : il y a 6 ans
Si les industriels s'emparent de la paille pour faire du pognon, c'est foutu...
Publié : il y a 6 ans
Ayant suivi de très près le mise en œuvre il y a une dizaine d'année de 3 chaufferies paille (5, 6 et 0,8 MW, soit au total environ 12 à 13 000 t de paille par an) dans un secteur nord-est de la région Bourgogne, secteur géographique orienté grandes cultures en système colza / blé /orge, je milite depuis pour une approche pragmatique sur l'utilisation de la paille en isolation ou comme énergie, car on entend trop souvent des jugements à l'emporte pièce sur ce sujet.
Si la priorité reste le retour au sol, soit directement ou via l'élevage (litière, méthanisation, ...), il est possible d'utiliser la paille comme matériau ou énergie, dès lors que l'on dispose de la ressource localement, et que l'on ne rentre pas dans des systèmes qui relève du gigantisme en terme de filières.
Nos études à l'époque nous ont démontré que nous avions un potentiel de valorisation supérieur à 100 000 t/an de paille à l'échelle d'un département, sans risque de porter atteinte aux filières litière et retour au sol, voire même alimentation animale en cas de sécheresse estivale.
Dans tous les cas de figure, cela passe par une approche assez fine des possibilités d'exporter la paille, en fonction des caractéristiques des sols et des rotations.
L'approche doit être avant tout territoriale (ressource et usage) sachant que la paille, même en balles haute densité, est un produit très peu dense et que son transport sur des longues distances est à éviter.
Et dans le secteur géographique évoqué ci dessus, le temps n'est pas si lointain où l'on assistait fin juillet au brûlage à l'air libre de parcelles entières qui avait été récoltées quelques semaine auparavant.
Publié : il y a 6 ans
Merci Luc pour ton intervention claire et synthétique !
Premièrement : Isolont.
Deuxièmement : isolont !
Troisièmement : isolont !! et si après ça il faut encore chauffé cela sera anecdotique.
Répondre à ce sujet
La paille doit-elle être utilisée en construction, en énergie ou les deux ?
Menu
×