Un double cursus architecte ingénieur ESA / ESTP est en ordre de marche

Serge FARRE

Pour avoir la double formation d'Architecte et de technicien supérieur Génie civil, cela constitue un double handicap à l'embauche, "artiste" chez les ingénieurs et "casse B....technique" chez les architectes. Par le fait je suis contraint d'essayer de travailler à l'étranger où cette double compétence existe plus ou moins, avec la contrainte de se conformer au système anglo-saxon.

Quel esprit négatif de la part de ces 2 intervenants ! et pourquoi pas de bons architectes aussi techniciens ?

Parce que les prétendus "artistes" qu'on voit oeuvrer aujourd'hui ne sont souvent pas terribles en création artistique et régulièrement nuls en technique ...

De plus ça va dans le sens de la modernité avec la technique omniprésente et de la tradition de nos aïeux avec une omniscience large et efficace

Il faut bien que l'ESA essaye de se sortir de son cursus déclinant depuis déjà des années. Comme ça les candidats, qui paient fort cher les études à l'ESA, seront convaincus d'avoir un diplôme plus coté sur le marché...

Le vrai problème est de ne pas négliger la technique dans les études d'architecte comme c'est le cas depuis des années par des profs souvent très intellos mais qui n'ont jamais rien construits ! Il faudrait prendre exemple survl'Espagne, où dans chaque agence, l'un des architectes prend le rôle d'ingénieur et effectue les calculs courants de dimensionnement de poteaux de poutres et ouvrages récurrents. Le résultat est que le savoir technique des architectes est parfaitement reconnu en Espagne, et qu'il y a peu de chômage dans la profession.

De plus, là bas c'est l'Ordre qui attribue les marchés publics à tours de rôle, et qu'on assiste pas à la "concourite aigüe" qui sévit ici pour la construction du moindre clapier. Concours de toute façon bidonnés pour arranger les collectivités tout en faisant semblant de respecter la loi.

Cela parait être une bonne voie, une évidence même. Dans les pays qui nous entourent, l'architecte est également un technicien d'un certain niveau. En France, l'archi qui sort de l'école sait imaginer des volumes, imaginer des scenarii novateurs, mais peine à intégrer le concret, connait peu ou pas les matériaux et reste globalement trop obnubilé par le geste architectural pur.

L'efficacité d'un professionnel ne vient pas de ses diplômes mais de son parcours . Le parcours d'un archi doit passer par une connaissance de ce qu'il va mettre en oeuvre entre autres mais principalement les matériaux; la technique , la géométrie ... le savoir faire . S'il sait cela et passe par là il rencontrera l'autre regard de l'ingénieur ( des ingénieurs ) et sauront ensemble de quoi parler .

Triste nouvelle :

Pour quelques cas qui seront sans doute remarquables, où les diplômés, doués, seront excellents dans les deux métiers, nous aurons maintenant sur le marché un nouveau métier d'ingénieurs-architectes moyens, voire mauvais, dans les deux métiers !

Belle victoire de l'ordre des architectes avec ainsi un moyen d'échapper à une vraie réforme qui aurait pu constater leur incompétence technique très insuffisante, par essence, et leur ôter la possibilité de traiter des missions de conception et définition technique, et de suivre la bonne exécution des travaux sur les chantiers (à part la conformité avec les exigences esthétiques et fonctionnelles de leurs plans).

Et quand on constate aujourd'hui l'incapacité fréquente de nombre d'architectes en titre, à priori artistes, à dessiner correctement des plans et détails à la main, on peut imaginer la performance de beaucoup d' ?'ingénieurs-prétendus architectes ?' dans cet exercice.